Avant-propos
Par Sanja Boskovic
Publication en ligne le 26 avril 2025
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Texte intégral
1Le numéro 9 de la Revue du CEES intitulé Environnements est issu du colloque international et pluridisciplinaire organisé les 11 et 12 avril 2024 à l’Université de Poitiers. Il regroupe dix travaux consacrés à la question de l’environnement dans toute sa diversité et toute sa pluralité.
2Étymologiquement parlant, le terme « environnement » trouve ses origines dans le grec ancien et le latin : « virer » ou « tourner » est lié à son équivalent en grec « gyros » signifiant « cercle, tour » et donnant ensuite en latin « gyrare » et « in gyrum » ou « virare », « vibrare » (tournoyer). Au sens large, la notion de l'environnement incarne l’univers de l’être humain englobant ainsi l'ensemble des éléments naturels et artificiels qui constituent sa vie aussi bien sur le plan individuel que collectif.
3Le terme environnement est particulièrement polysémique avec différentes définitions selon la discipline ou le contexte utilisé. Partant du simple voisinage et de l’ensemble des éléments (biotiques ou abiotiques) qui entourent un individu ou une espèce pour aller jusqu’à l’ensemble des éléments objectifs et subjectifs constituant le cadre de vie d'un individu, incluant l’atmosphère, le climat dans lequel il se trouve, le contexte psychologique et social ou même le contexte didactique d’un apprenant, ce mot revient en force dans le discours des locuteurs par le biais de la réflexion sur le changement climatique et les préoccupations des générations actuelles.
4Dans le cadre du colloque international et pluridisciplinaire Environnements, nous voulions revenir sur ce terme abordant différents aspects dans le domaine de la linguistique et des sciences humaines.
5Tout en restant attachés aux langues et cultures slaves, notre approche incarnant aussi l’aspect environnemental européen, s’ouvre à la diversité linguistique et culturel. Les langues et les cultures en contact, les défis didactiques dans l’apprentissage des langues ou bien la réception des ouvres littéraires et artistiques dans le monde multilingue et multiculturel illustrent toute la complexité et la richesse à la fois de la réflexion portée sur la signification du terme environnement selon le contexte différent et varié.
6Le terme environnement peut être vu de différentes manières dans le cadre des sciences du langage. Il peut faire référence à une approche purement linguistique de l’environnement, soit le contexte immédiat dans lequel une forme donnée peut figurer, ou au rapport (probable ou improbable) qui existe entre l’environnement naturel et les langues. En didactique peut se référer à l’espace d’enseignement (physique ou non) où l’apprentissage peut avoir lieu. D’après Blandin (2007), par environnement d’apprentissage il faut comprendre « les éléments délimitant les contours et les composants d’une situation, quelle qu’elle soit, au cours de laquelle il est possible “d’apprendre”, c’est-à-dire de mettre en œuvre un processus de changement des conduites et/ou des connaissances ». Une autre approche peut porter strictement au lexème environnement à travers les corpus, qui permettent d’analyser le contexte de ce terme, surtout quand on se réfère à la nature qui nous entoure et le changement climatique.
7Partant de l’écologie linguistique ou bien de la littérature environnementale pour ensuite découvrir les divers modèles de l’environnement socio-culturels et la pluralité de l’environnement artistique, on peut engager une réflexion pluridisciplinaire sur les relations que l’homme développe au sein de son monde spirituel et culturel. Ainsi, nous assistons à un changement essentiel de perspective environnementale : l’homme représentait depuis très longtemps une figure centrale de la littérature en se constituant une sorte d’espace spécifique – un espace de témoignages – ; cependant, à l’époque contemporaine, cet espace de témoignages évolue en un espace des actes, mais des actes vitaux à la fois écologique et politique (Buekens, 2022). Dans ce sens, élargir notre réflexion sur l’environnement culturel humain cela veut dire aussi parler des actions culturelles, littéraires et sociales menées par l’homme dans son entourage.
8Le numéro 9 de la Revue du CEES est composé de deux volets regroupant ainsi les articles appartenant à l’environnement linguistique d’un côté et à l’environnement littéraire et culturel de l’autre.
9Kirill Ganzha dans son travail intitulé Rôle de l’environnement linguistique dans l’apprentissage d’une langue étrangère : perception de l’accent lexical russe par les francophones analyse un certain nombre d’erreurs récurrentes liées au rythme du mot russe et qui sont, cependant, principalement conditionnées par des différences entre les systèmes accentuels des deux langues.
10Restant dans le questionnement lié à l’environnement linguistique franco-slave, les deux auteurs, Jelena Jacovic et Ivan Jovanovic, s’interrogent dans leur article Le concept du feu/ватра et de l’eau/вода dans la parémiologie française et serbe sur les parémies françaises et serbes avec les lexèmes feu et eau afin d’y montrer leurs ressemblances et leurs différences apparaissant sur les plans sémantique et culturel.
11Continuant dans l’environnement linguistique de la région des Balkans, on constate que les contacts de langues et les emprunts corrélés à la langue française ou bien aux questions liées à la traduction albano-anglaise suscitent un vifs intérêt des linguistes contemporains. Raul Lilo analyse dans son travail portant sur Contact de langues et emprunts l’influence française dans la région de Korça (conditions historiques et sociales, contact de langues et emprunts, typologie des emprunts selon les domaines, quelques exemples d’emprunts actuels) tandis que Iris Klosi et Ergys Bezhani dans leur article intitulé Preserving Albanian Natural and Cultural Heritage Through Translated Promotional and Awareness Materials soulignent l’importance de la traduction dans le tourisme culturel (surtout les sites figurant sur la liste de l'UNESCO), permettant également de transmettre les facettes immatérielles de la culture et de la tradition aux visiteurs nationaux et internationaux.
12L'environnement linguistique assez spécifique concernant l’espace du serbo-croate est traité dans l’article de Marija Runic qui examine des conséquences de la division de la langue serbo-croate en langues distinctes, chacune ayant sa propre politique linguistique, et notamment dans l'environnement numérique et les technologies linguistiques.
13L'article intitulé Environmental Education in Pre-service English Teacher Training: Choice or Obligation de Izabela Dankic traite le problème d’introduction de l'éducation environnementale et écologique à la formation formelle des enseignants et notamment des enseignants d’anglais en Bosnie-Herzégovine. L’université de Mostar sert d’exemple d’un cadre micro écologique où on tente à aborder et à améliorer la culture environnementale et les connaissances écolinguistiques des futurs enseignants et de leurs étudiants.
14Zana Gavrilovic explore dans son topo portant sur Some environmental factors affecting lexical aspects of english verbs la relation de cause à effet entre les caractéristiques aspectuelles lexicales de certains groupes de verbes anglais et leur environnement flexionnel, ainsi que leur confluence avec l'environnement sentenciel global.
15Le neuvième numéro de la Revue du CEES conclue avec trois articles évoquant l’environnement littéraire et culturel.
16La traduction serbe du roman de Rabelais : un univers romanesque sauvé est l’intitulé du travail de Tatjana Djurin, En évoquant les différentes approches à la traductologie, l’autrice analyse la traduction serbe du roman de Rabelais (réalisée par le traducteur serbe Stanislav Vinaver) en la prenant comme un exemple capable de résister aux tendances déformantes de Berman et d’éviter de nombreux pièges de la traduction ethnocentrique.
17Dans son article portant sur Le concept « besporiadok » (désordre) dans le roman L’Adolescent de F. Dostoïevski Natalia Fréval-Bulgakova se concentre sur la question de l’environnement spatial et notamment le concept « besporiadok » (désordre) qui occupe une place centrale dans le roman de Dostoïevski tandis que Serena Massimo dans son travail intitulé De l’environnement au « lieu du rencontre ». La danse entre pathicité, rythme et « affordances atmosphériques » examine la notion de l’environnement comprise souvent comme un espace objectif, séparé et dominé par l’homme afin de pouvoir ensuite mettre en valeur le caractère affectif, relationnel et dynamique de l’espace dans lequel nous vivons.
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